À la découverte de Cumes, ville antique de Campanie

À la découverte de Cumes, ville antique de Campanie

octobre 6, 2023 Non Par Bianca

Si vous êtes de passage en Campanie près de Naples, je vous conseille vivement de faire un petit détour sur 12 kilomètres pour découvrir cette petite merveille : Cumes, une vieille cité antique fondée en 740 avant J.-C. Même si une grande partie de cette cité reste encore sous terre, elle dévoile à tous ses visiteurs de splendides vestiges, qui témoignent d’une riche histoire. Partons ensemble à la découverte de Cumes, cité antique de Campanie.

Non loin de Pozzuoles, dans la zone volcanique des champs phlégréens, Cumes est une antique cité grecque. L’activité volcanique était ici très active il y a plusieurs milliers d’années, les champs phlégréens correspondent au cratère principal de 15 km de diamètre.

Cumes : trésor enfoui de l’Antiquité Italienne

C’est jusqu’au Lac Averne que l’ancienne cité antique de Cumes s’étendait. Aujourd’hui, le territoire accessible par les visiteurs est beaucoup plus restreint, mais offre toutefois une expérience totalement inédite et des plus spectaculaires. Lors de ma visite, j’ai pu découvrir des vestiges jusque là jamais exploré : des thermes, une nécropole, une splendide grotte ainsi que des temples. Que demander de plus pour une amoureuse comme moi d’Histoire et de patrimoine historique. Cumes en Campanie est un spendide témoignage de l’Histoire mouvementée d’Italie, et ce sur plusieurs siècles.

Que voir à Cumes ? Découvrez les vestiges de la ville antique

Arco Felice et Via Domitiana

À l’entrée de la ville de Cumes, l’Arco Felice se dressait en tant qu’arc monumental marquant le point d’entrée de la Via Domitiana. Cet arc, impressionnant de par sa taille, atteignant une hauteur de 20 mètres, avait été taillé dans le flanc de la colline et constituait une porte remarquable de l’époque romaine. Sa construction, réalisée sous le règne de Domitien en 95 après J.-C., témoignait du génie architectural romain. L’Arco Felice était construit en briques et recouvert de marbre, avec des niches élégamment disposées entre les piliers, ajoutant à son allure majestueuse. Non seulement l’arc lui-même, mais aussi le pavement bien préservé de la Via Domitiana menant à la Via Appia, permettent de se plonger dans le passé de la région.

À proximité de l’Arco Felice, une autre galerie souterraine, initialement construite par Agrippa pour Octave vers 37 avant J.-C., s’étend sur près d’un kilomètre sous le mont Grillo. Cette galerie servait de lien vital entre Cumes et la rive occidentale du lac Averne. En association avec un aqueduc correspondant, elle faisait partie intégrante d’un système complexe visant à atteindre le port du lac Lucrine en traversant le lac Averne. Bien que restaurée au XIXe siècle et récemment renforcée, cette galerie souterraine est actuellement fermée au public en raison de la présence de plusieurs espèces de chauves-souris protégées, préservant ainsi son histoire et sa biodiversité uniques. Ces éléments rappellent l’ingéniosité romaine et l’importance de Cumes en tant que carrefour stratégique de l’Antiquité.

Grotte de la Sibylle et Acropole

Grotte de la Sibylle Cumes

Au sommet de l’Acropole de Cumes se dresse le monument le plus célèbre de la cité antique : la fascinante grotte de la Sibylle. Taillée dans le tuf, cette galerie conduit à la chambre de la Sibylle, qui était liée au lieu mythique où résidait la prêtresse d’Apollon, l’Oracle. L’étonnante forme de la grotte et son éclairage captivant suscitent l’intrigue des visiteurs. À l’origine, cette structure avait une fonction militaire, servant à protéger la crête sud-ouest de Cumes. Elle fut construite à la fin du IVe siècle avant J.-C., et ses bras transversaux menaient à des citernes essentielles à la vie de la cité. Au cours de l’ère chrétienne, la dernière chambre de la grotte servit de lieu de culte, tandis qu’une des citernes fut utilisée comme lieu de sépulture. En 1932, lors de fouilles archéologiques, la grotte fut identifiée comme la légendaire grotte de la Sibylle, grâce aux similitudes frappantes avec les descriptions fournies par le poète antique Virgile, telles que les « cent portes », les ouvertures latérales générant un « vent qui fait bruisser les feuilles », et les trois petites pièces ressemblant à des chambres. Cette découverte a permis de relier l’histoire mythique de Cumes à ses vestiges bien préservés.

Tour byzantine et temples de l’Acropole

L’ascension de l’Acropole de Cumes révèle des trésors architecturaux et historiques uniques. À mi-chemin, vous découvrirez la tour byzantine, un élément essentiel de la porte monumentale fortifiée érigée par les Byzantins au VIe siècle après J.-C. Ces fortifications, qui existaient déjà au VIe siècle avant J.-C., se distinguent par l’utilisation de grands blocs de tuf à la base de la tour. De ce belvédère, la vue panoramique est à couper le souffle, offrant un aperçu captivant de la région.

En suivant la Via Sacra, vous atteindrez deux temples d’importance historique majeure. Le temple d’Apollon, situé en bas de l’Acropole, remonte à la fin du VIe siècle avant J.-C. Il a subi des rénovations sous le règne d’Auguste avant de devenir une église au IVe siècle après J.-C. Plus haut sur l’Acropole, vous découvrirez un grand temple dédié à Jupiter (aujourd’hui attribué plutôt à Apollon), datant du VIe siècle avant J.-C. ou même antérieur. Sous la domination romaine, ce temple a été rénové et converti en église, devenant ainsi l’une des structures religieuses les plus importantes du diocèse de Pouzzoles. Ces temples témoignent de la riche histoire religieuse et architecturale de Cumes, offrant un aperçu captivant de l’évolution de cette ancienne cité au fil des siècles.

Le Forum, le Capitolium et la ville basse de Cumes

Le Forum romain, le cœur battant de la ville de Cumes, a évolué au fil des siècles pour devenir un lieu d’importance historique. Vers le IIIe siècle avant J.-C., il a probablement succédé à l’agora grecque, se transformant en une vaste place rectangulaire pavée. Cette impressionnante esplanade était entourée de portiques à deux niveaux qui témoignent de l’élégance architecturale de l’époque. Toutefois, à partir du IVe siècle après J.-C., le site a été confronté à des inondations fréquentes, ce qui a conduit à une réorientation de sa fonction. Il est devenu un centre de production, abritant des fours pour la fabrication de verre, de métal, et de chaux, dont d’importants vestiges subsistent encore aujourd’hui.

À proximité du Forum se trouve le majestueux Capitolium, le principal temple de la ville basse, dédié à la triade capitoline de Jupiter, Junon et Minerve. Son origine remonte au IVe siècle avant J.-C., mais les vestiges que nous admirons aujourd’hui datent du Ier siècle avant J.-C. et sont ornés de fresques qui rappellent la splendeur de l’art romain. Non loin de là, le temple à portique se dresse au cœur d’une cour entourée de portiques sur trois côtés, témoignant du raffinement architectural de Cumes. Au sud, l’Aula Sillana était un édifice rectangulaire avec une petite tribune réservée aux discours politiques, tandis que le sol était somptueusement décoré de marbres colorés. Du côté sud-est, le temple du Géant est enchâssé dans une ancienne ferme, la Masseria del Gigante, datant de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C., et il est richement ornementé. Enfin, les thermes du Forum, datant de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C., abritent des vestiges des salles qui témoignent de l’importance de ce complexe dans la vie quotidienne de Cumes à l’époque romaine. Ces découvertes archéologiques sont autant de fenêtres ouvertes sur la vie et la culture de la ville à travers les siècles.

La Crypte romaine sous l’Acropole

La Crypte romaine, un tunnel impressionnant creusé dans le tuf sous l’Acropole de Cumes, constitue un témoignage fascinant de l’ingéniosité romaine et de l’évolution de la cité au fil du temps. Ce tunnel, qui reliait le Forum à la mer, avait été conçu à des fins défensives par Agrippa, le général d’Octave, lors de la guerre civile de 44-31 avant J.-C. Il faisait partie intégrante d’un système complexe de tunnels reliant la côte de Cumes à Portus Iulius, dans le bassin lucrinien, en passant par le lac Averne. Pendant son parcours, le tunnel traverse une ancienne carrière grecque et des citernes qui ont joué un rôle crucial dans la vie de la cité.

Vers l’an 90, l’empereur Domitien a érigé une entrée monumentale du côté de la mer, accentuant l’importance de ce tunnel stratégique. Plus tard, du IVe au VIe siècle après J.-C., la Crypte romaine a connu une transformation remarquable en devenant une catacombe chrétienne, témoignant ainsi de l’évolution des croyances religieuses et de l’utilisation adaptative des structures existantes. Aujourd’hui, ce tunnel souterrain unique constitue une fenêtre sur l’histoire complexe de Cumes, de l’ingénierie romaine à la spiritualité chrétienne, en passant par les vestiges d’une époque révolue.

Le Quartier des anciens habitants : témoignage de vie à Cumes

Le Quartier Résidentiel, situé au nord des thermes du Forum, offre un aperçu captivant de l’évolution de l’architecture et de la vie quotidienne à Cumes au fil des siècles. Dès la fondation de la ville par les Grecs, ce quartier abritait des habitations, dont les rues suivaient un tracé perpendiculaire caractéristique. Les maisons construites aux VIIIe et VIIe siècles avant J.-C. se distinguent par leurs imposants blocs de tuf, liés par un mélange d’argile crue et de paille, témoignant de la simplicité des débuts de la colonie.

À partir du VIe siècle avant J.-C., une évolution architecturale se manifeste, avec des blocs de tuf finement équarris. Cette tendance se poursuit jusqu’au IIIe siècle avant J.-C. Avec l’arrivée de l’époque romaine, à partir du IIe siècle avant J.-C., la construction en maçonnerie devient la norme, marquant une transformation significative dans la manière dont les maisons étaient bâties.

Au IIe siècle, une grande domus a été érigée dans ce quartier, englobant un ensemble de maisons. Cette domus présentait un atrium central, ce qui témoigne de la richesse et de l’importance de certaines familles résidant dans le quartier. Ainsi, le quartier résidentiel de Cumes offre une fenêtre fascinante sur l’architecture et la société de l’époque, reflétant l’évolution de la cité au cours des siècles.

Les murailles de la cité

Les murailles qui entouraient autrefois la ville de Cumes, situées principalement du côté nord, évoquent la puissance défensive de cette ancienne cité. Les vestiges de ces murailles, ainsi que la monumentale Porta Mediana, sont encore visibles aujourd’hui, offrant un témoignage impressionnant de l’histoire de la ville. Les sections les plus anciennes des murailles remontent à la fin du VIIe siècle avant J.-C., mais ce sont les portions datant du début du VIe siècle avant J.-C. qui sont les mieux conservées. Ces remparts se composent d’un double rideau de grands blocs de tuf, mesurant jusqu’à 5 mètres de large, reflétant la technicité de la construction à cette époque.

En explorant les environs des murailles, des découvertes archéologiques fascinantes ont été faites. Un fossé, situé devant les murs, a révélé une abondance d’ossements humains et équins, ainsi que des pointes de flèches et d’autres artefacts, offrant des indices sur la vie et les événements qui ont marqué cette période. Au IIIe siècle avant J.-C., un rideau supplémentaire a été ajouté aux murailles pour renforcer leur protection. Cependant, au IIe siècle avant J.-C., avec l’intégration de la ville dans le territoire romain, la priorité défensive a diminué, et une autre utilisation a été trouvée pour les murailles. Un stade a été construit contre les murailles, mettant en évidence la flexibilité des structures antiques et leur adaptation aux besoins changeants de la société. Ainsi, les murailles de Cumes racontent une histoire riche de construction, de défense, et d’évolution urbaine à travers les âges.

La Nécropole monumentale

Juste à l’extérieur de la majestueuse Porta Mediana de Cumes, une nécropole monumentale s’étend, renfermant des trésors historiques allant de la période samnite (IVe-IIIe siècles avant J.-C.) à l’époque romaine (IIe siècle avant J.-C. – IIIe siècle après J.-C.). Cette nécropole est un témoignage poignant de la vie, de la mort, et de la culture qui ont marqué cette ancienne cité.

Les monuments funéraires qui parsèment la nécropole présentent une diversité étonnante : des hypogées soigneusement creusés dans la roche, des chambres funéraires richement décorées, des columbariums abritant les restes des défunts, ainsi que des mausolées monumentaux ornés de fresques saisissantes. Chacun de ces monuments raconte une histoire unique, offrant un aperçu de la façon dont les anciens habitants de Cumes honoraient leurs morts et perpétuaient leur mémoire.

Mais la nécropole de Cumes ne se limite pas à l’époque romaine, elle abrite également des trésors encore plus anciens. À cet endroit même, des tombes datant de la période pré-grecque, remontant aux Xe et IXe siècles avant J.-C., ont été découvertes. Ces tombes antérieures à la colonie grecque nous transportent encore plus loin dans le passé, offrant un aperçu rare des premiers habitants de la région.

La nécropole de Cumes est bien plus qu’un simple cimetière, c’est un musée en plein air qui témoigne de l’histoire et de l’évolution de cette cité antique à travers les âges, tout en honorant ceux qui y ont vécu et sont décédés.

Cumes : témoin de l’Antiquité Italienne à travers les âges

Histoire Cumes

Les origines héroïques de Cumes

Cumes, l’une des plus anciennes colonies grecques de la Grande Grèce, trouve ses racines dans la légende et l’histoire. Fondée au VIIIe siècle avant J.-C. par les Chalcidiens d’Eubée, cette cité maritime prospéra grâce à sa situation privilégiée près de l’île d’Ischia. Elle devint un foyer de culture grecque et contribua à l’expansion de l’alphabet grec chez les Étrusques.

Cumes à l’apogée de sa puissance

Cumes atteignit son apogée en contrôlant une vaste portion du littoral campanien, rivalisant avec les Étrusques de Capoue et les peuples environnants. Ses triomphes militaires, y compris la victoire décisive aux côtés de Syracuse, lui assurèrent une place de choix dans l’histoire. Même Tarquin le Fier, le dernier roi de Rome, passa ses jours d’exil à Cumes après l’établissement de la République romaine.

L’Héritage et le déclin de la ville Antique

Cumes, en tant qu’alliée fidèle de Rome, joua un rôle stratégique lors des guerres civiles de la République romaine, servant de bastion contre les adversaires. Cependant, malgré sa position enviable, elle fut peu à peu négligée en raison de ses défis géographiques. Finalement, la cité antique connut des conflits avec les Goths et les Byzantins, et elle fut abandonnée à cause des raids sarrasins au XIIIe siècle. Pourtant, l’histoire et l’héritage de Cumes continuent de fasciner et d’influencer la région de Naples.

Cumes, avec ses origines mythiques, son apogée glorieuse, et son déclin tragique, est un trésor d’histoire qui témoigne de l’incroyable richesse culturelle et de l’importance géopolitique de l’Antiquité italienne. Aujourd’hui, les vestiges de cette cité antique continuent de captiver les historiens et les passionnés d’archéologie, rappelant le rôle majeur qu’elle a joué dans la Grande Grèce et la région de Naples.

Le mot de la fin : à l’instar des splendides cité comme Pompéi ou Pasteum, Cumes est un témoignage de la riche histoire de la région de Campanie, avec ses ruines anciennes qui offrent un aperçu du passé. Que vous soyez attiré par la légendaire grotte de la Sibylle, par ses remparts bien conservés ou par son histoire fascinante, une visite à Cumes vous transportera à coup sûr dans le passé, à l’époque de la Grande-Grèce.